Mobilisation de l’Etat face à la fermeture de l’aéroport de Nouméa

Mis à jour le 13/06/2024

Un vol a été organisé ce mercredi 12 juin permettant, notamment, le rapatriement de plus de 200 touristes au départ de l’aéroport Tontouta de Nouméa. La mobilisation des services de l’Etat est pleine et entière depuis le début des événements en Nouvelle-Calédonie pour faire face à la problématique de l’inaccessibilité de l’aéroport international.

Ils étaient plus de 200 touristes à prendre place hier soir dans l’avion d’Aircalin au départ de l’aéroport Tontouta de Nouméa et à destination de Singapour. Encadrés par les différentes forces de sécurité intérieure, le soulagement était de mise. Sur le tarmac et dans l’aéroport, agents de la police aux frontières, gendarmes des transports aériens, forces armées en Nouvelle-Calédonie, agents du haut-commissariat, douaniers ou encore sapeurs-pompiers étaient tous sur le pont pour réaliser cette manœuvre difficile dans le contexte actuel.

En effet, alors que la Gendarmerie nationale mène une action continue pour les démanteler, des barrages sont sans cesse dressés sur la route territoriale RT1, empêchant la libre circulation routière sur la quarantaine de kilomètres séparant Nouméa de son aéroport international. C’est donc une organisation exceptionnelle qui a été mise en place, sous la coordination du haut-commissariat, avec à sa tête une entité créée pour gérer les rapatriements : la cellule de coordination aérienne. Celle-ci traite l’ensemble des manœuvres civiles et militaires sur l’aéroport international et l’aérodrome de Magenta en réunissant différents savoir-faire de la douane, de la sécurité civile, des Armées, le tout sous la houlette d’un haut fonctionnaire.

Un véritable pont aérien a ainsi été élaboré depuis l’aérodrome Magenta de Nouméa vers Tontouta pour permettre, malgré tout, des arrivées et des départs du territoire. Pour quitter le chef-lieu de l’île, les passagers doivent donc monter dans un ATR de la compagnie Air Calédonie ou dans un avion Casa affrété par les Armées, pour un vol d’une vingtaine de minutes. « Dès lors qu’un vol part ou arrive de Tontouta, nous sommes obligés de mettre un certain nombre de navettes, explique Pierre-Louis Sire, sous-préfet en renfort en Nouvelle-Calédonie et responsable de la cellule de coordination aérienne. Pour donner un ordre d’idée, quand un vol arrive avec environ 300 passagers, nous organisons des transferts avec 60 passagers chacun, il est donc nécessaire de mettre en place pour chaque vol cinq rotations entre l’aéroport international et la ville de Nouméa ». Depuis le 17 mai dernier ce sont ainsi près de 3000 personnes qui ont pu quitter le territoire sur des vols spécialement affrétés, et 1300 passagers qui ont fait le chemin inverse pour rejoindre Nouméa, réalisable grâce à cette logistique lourde.

Pour faire face à la situation actuelle, les services de l’Etat ont donc dû s’adapter : « Nous sommes confrontés à une variété de contraintes, poursuit le sous-préfet. D’abord très peu de vols, puis le pont aérien, ensuite les contraintes en terme de carburant et aussi des contraintes qui s’appliquent en tout temps, en tous lieux en matière aérienne comme la météo, la capacité de l’avion, l’importance de carburant à mettre dans l’avion, le fret… »

La mobilisation du haut-commissariat a été double. D’une part en établissant un partenariat inédit avec le secteur privé, et notamment Aircalin, pour positionner un maximum de touristes sur les vols commerciaux. D’autre part en développant un travail avec la cellule de coordination interministérielle en logistique (CCIL), et avec le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (COGIC) du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, pour mettre en place ces vols, les coordonner avec les horaires de départ et d’arrivée à l’aéroport de Paris Charles de Gaulle, en corrélation avec les escales, et pour positionner des vols affrétés, commandés par l’Etat pour permettre aux voyageurs de regagner la métropole ou la Nouvelle-Calédonie.

« C’est une vraie mission de service public. Nous avons fait un vrai travail d’accompagnement des touristes qui étaient sur place et qui avaient des questions tout à fait légitimes sur leur situation, comme savoir où en étaient leur dossier et leur vol. Nous avons eu à cœur d’humaniser le processus, de les recevoir à peu près tous les deux jours pour faire un point de situation, les informer sur les perspectives de vol, sur leur chance de rejoindre le territoire de l’hexagone, … ».  Une plateforme téléphonique a également été mise en place au sein du haut-commissariat pour répondre aux nombreuses demandes et interrogations des voyageurs et pour les informer, une fois les listes constituées, sur les points de rendez-vous et les horaires de départ pour rejoindre l’hexagone.

La levée définitive des blocages sur la RT1 permettra d’offrir une bouffé d’oxygène au territoire avec le retour de la circulation routière sur cet axe névralgique et aussi la réouverture de l’aéroport international.